Dans le monde de la recherche en constante évolution, notamment dans le contexte de la collecte et de l’analyse des données, il peut être difficile pour les universitaires et les chercheurs de se tenir au courant des outils avancés. Cela a été particulièrement évident lors d’un récent atelier international (du 24 au 26 octobre 2024) que j’ai « dirigé » sur les outils de production de données en ligne dans des contextes peu sûrs. Avec des participants d’horizons divers, l’atelier visait à présenter des outils simple et accessibles pour l’analyse des données, même à ceux qui ont une expérience technique minimale.
L’enquête préliminaire que j’ai mené aupres des participants a clairement montré que, même si la familiarité avec les outils avancés était limitée, la motivation à apprendre était élevée. Cela a donné le ton à une session qui a équilibré la clarté, l’accessibilité et l’application pratique, garantissant que chaque participant reparte avec une boîte à outils qu’il pourrait utiliser au-delà de l’atelier. Dans ce blog, je passerai en revue la structure de l’atelier, les outils que nous avons explorés, les commentaires que nous avons reçus et la manière dont ces idées pourraient façonner les sessions futures.
J’ai été invité par le réseau international Médias, crises sécuritaires et jeunesse en Afrique de l’Ouest. Ce réseau regroupe des professeurs du Burkina Faso, du Danemark, du Mali, du Niger, de Suède et des États-Unis, ainsi que l’ONG International Media Support (IMS), basée au Danemark.
Preparation et invitation
Les mois et les semaines qui ont précédé l’atelier ont été remplis de préparations minutieuses. J’ai consacré du temps à l’élaboration de supports de formation complets, à la fois engageants et informatifs. Mais lisez d’abord quelques mots sur les débuts…
En mai 2024, au milieu des préparatifs effrénés de la conférence MANSA 2024, je me suis retrouvé à gérer le rôle de secrétaire d’un événement qui était sur le point d’accueillir plus de 130 présentations venant des quatre coins du monde. L’organisation d’un tel événement demandait toute l’attention et toute l’énergie nécessaire, mais pendant cette période intense, j’ai reçu une proposition inattendue. La professeure Heidi Bojsen, responsable du réseau, a discuté des collaborations potentielles. Elle m’a invité à être formateur pour un atelier international sur la rédaction de projets de recherche et les outils de production de données en ligne dans des contextes non sécurisés.
Malgré mon emploi du temps chargé, nous avons eu quelques réunions sur Zoom qui nous ont permis d’échanger des idées et de définir les attentes, un peu comme une série d’entretiens. Le Prof Lassané Yaméogo prenait part à ces discussions. À la fin, nous sommes parvenus à un accord sur mon rôle dans l’atelier, même si à ce moment-là, je n’ai pas pu me concentrer pleinement sur la préparation du contenu.
Après le deroulement réussi du colloque MANSA (https://mansaconf.mkante.ml), j’ai enfin eu l’espace nécessaire pour consacrer du temps à l’atelier. Nous avons repris contact et commencé à recevoir les propositions d’idées et les besoins des participants. Sur la base de ces informations, j’ai commencé à concevoir le contenu du « cours », en veillant à ce qu’il réponde aux besoins réels de ceux qui y assisteraient.
Au fur et à mesure des préparatifs, j’ai réalisé que je voulais aller au-delà d’une simple formation. L’objectif est devenu clair : créer quelque chose qui continuerait à servir les participants (ou le public), même après la fin de l’atelier. C’est ainsi que l’idée d’un site de documentation a pris forme, une ressource à laquelle les participants pourraient se référer pour mettre en œuvre ce qu’ils avaient appris. Le comité a accueilli cette idée avec enthousiasme, ce qui a alimenté ma détermination à construire une ressource solide, accessible et durable.
Bien sûr, la création de cette ressource nécessite un investissement important en temps et en concentration. Cependant, si vous me connaissez, vous comprenez qu’une fois que je me suis fixé un objectif, je m’y engage pleinement. Des amis proches et des collaborateurs me rappellent souvent que, parfois, je devrais me retenir, car cela a un coût à plusieurs niveaux (…….) mais c’est un autre débat et peut-être que lire les questions qui me tiennent éveillé, vous pourriez me laisser un commentaire sur certaines d’entre elles, en particulier concernant la catégorie auto détermination, ambition et survie.
J’ai mené une enquête préalable pour évaluer le niveau des participants. Les résultats ont révélé un manque général de familiarité des participants avec les outils avancés d’analyse de données, la programmation et les méthodes statistiques, mais avec une forte motivation pour acquérir des compétences pratiques et applicables. La plupart des personnes interrogées avaient une expérience limitée des outils d’analyse de données au-delà des logiciels de base tels que SPSS, NVIVO ou R. De plus, 12 participants ont indiqué qu’ils n’avaient aucune connaissance en programmation, seuls deux d’entre eux s’identifiaient comme débutants et aucun participant n’ayant un niveau intermédiaire ou avancé. Ce manque d’expérience s’étendait à des outils spécifiques d’analyse de données numériques, tels que les outils d’exploration de données orange, gephi et voyant. Douze participants ne connaissaient pas ces outils et seuls deux y avaient une exposition minimale.
Mon objectif était de créer du contenu qui s’adresse à des publics divers, en tenant compte des différents niveaux d’expérience et des antécédents des participants. N’oubliez pas que j’avais reçu une brève description des projets de recherche que les participants souhaitaient poursuivre.
J’ai collaboré avec des collègues du comité d’organisation pour concevoir des sessions interactives qui encourageraient une participation active et faciliteraient des discussions significatives. Cela impliquait de créer des études de cas, de préparer un site Web de documentation (https://ressources.mkante.ml) et de faire des présentations pour améliorer l’expérience d’apprentissage. L’impatience s’est accrue à mesure que les dates de l’atelier approchaient et j’étais convaincu que le travail préparatoire contribuerait à la réussite de l’événement.
L’atelier
A notre arrivée à Ouagadougou, nous avons été accueillis par la chaleureuse hospitalité des organisateurs. En effet, j’ai pris l’avion avec quatre participants de Bamako, à savoir le professeur Brema Ely Dicko, le Dr Youssouf Karembe, M. Aly Maiga et le professeur Sten Hagberg. L’atelier s’est tenu dans la salle de conférence de l’Institut National des Sciences des Sociétés du Burkina Faso.
Pendant deux jours, des professionnels et des universitaires de divers pays se sont réunis pour partager leurs points de vue et explorer de nouvelles idées. Mes sessions ont porté sur l’utilisation des outils numériques pour l’exploration de textes, et j’ai été ravi de constater un niveau élevé d’engagement parmi les participants. Nous avons exploré la thématique avec des activités pratiques qui ont permis aux participants d’appliquer les concepts en temps réel. Bien sûr, c’est une tâche complexe de se familiariser avec les techniques d’exploration de textes, mais cette première expérience est un bon point de départ pour les participants.
J’ai guidé les participants dans l’exploration de techniques adaptées aux contextes volatiles en mettant en avant des outils accessibles, visant à rendre la collecte de données la plus sûre et efficace possible pour les chercheurs sans compétences en codage. Nous avons commencé par une présentation qui a mis en avant les liens entre les sciences sociales, le machine learning, le deep learning et l’analyse de texte, en donnant un aperçu des mécanismes sous-jacents à ces outils.
La session s’est ensuite poursuivie par une introduction aux outils de collecte de données en ligne, en mettant l’accent sur des logiciels tels que HTTrack pour le scraping de sites Web, et Octoparse pour l’automatisation de la collecte de données sur les plateformes numériques. Ces outils sans codage permettent aux chercheurs d’obtenir des données précises tout en réduisant les risques liés aux déplacements dans des zones dangereuses.
Dans la continuité, j’ai présenté les méthodes de collecte d’API, en mettant l’accent sur les solutions ne nécessitant pas de connaissances en programmation. Cette approche a été particulièrement bénéfique pour les participants issus des sciences sociales, leur permettant de s’approprier de nouvelles techniques sans barrières techniques. J’ai également partagé mon expérience pratique de gestion des défis liés aux contraintes de sécurité et à la confidentialité des données. Nous avons ensuite continué avec des exercices pratiques, où des démonstrations ont été faites sur Voyant-tools et Orange Data Mining. Nous avons simulé des scénarios d’acquisition de données (Google Scholar et version payante de Twitter (X)), renforçant ainsi leur capacité à mener des recherches dans des environnements difficiles.
Enquête de satisfaction
L’enquête post-formation a révélé une satisfaction globale positive, avec une note moyenne de 4,3 sur 5 pour l’évaluation générale de la formation, ainsi que quelques suggestions d’amélioration significatives. La majorité des participants ayant répondu à l’enquête ont indiqué qu’ils étaient « très satisfaits » et 4 ont déclaré que la formation avait pleinement répondu à leurs attentes. Cependant, trois participants ont déclaré que leurs attentes n’avaient été que partiellement satisfaites et un participant a estimé que la formation n’avait pas répondu à ses attentes.
La clarté des explications a reçu une note solide, avec une moyenne de 3,9 sur cinq, bien que certains participants aient suggéré de rendre le langage technique plus accessible aux débutants. Les méthodes d’enseignement (sites web, exercices et démonstrations) ont été perçues comme moyennement efficaces par six participants, tandis que deux les ont trouvées très efficaces. La figure ci-dessous montre une forte corrélation entre la clarté (axe y) et la satisfaction (axe x) globale à l’égard du contenu du cours.
À la découverte de Ouagadougou
Malgré un emploi du temps chargé, j’ai tenu à découvrir la richesse culturelle de Ouagadougou. J’ai visité le musée Thomas Sankara du Burkina Faso, où j’ai appris des choses sur la période révolutionnaire du pays sous le régime du capitaine Sankara.
En déambulant dans les rues de Ouaga, j’ai visité le SIAO (Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou) 2024 , avec ses centaines de stands. L’occasion d’acheter quelques cadeaux pour la maison hhhhh
Les soirs, j’ai eu le plaisir de discuter avec les autres participants à l’atelier à l’hôtel, ce qui m’a permis de mieux comprendre leurs points de vue et de nouer des liens durables.
Réflexions et retour à Bamako
À la fin de l’atelier, j’ai ressenti un sentiment d’accomplissement. L’événement a été un succès, non seulement en termes de développement professionnel, mais aussi en termes de renforcement de la camaraderie internationale. Les connaissances acquises et les relations forgées sont des atouts que je conserverai !
De retour à Bamako, j’ai pris le temps de réfléchir à mon expérience. L’opportunité de contribuer en tant que formateur m’a permis d’affiner mes compétences et d’acquérir de nouvelles perspectives. Je suis reconnaissant à la directrice du réseau, la professeure Heidi Bojsen, pour son invitation et à tous les participants qui ont fait de l’atelier une expérience enrichissante.
J’attends avec impatience de nouvelles opportunités de dialoguer avec les collègues et d’appliquer les connaissances et les expériences acquises pour susciter des changements positifs dans notre domaine.